Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/84

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pleins d'eau et de boue, il arrive à la cabane d'un vieillard qui travaillait dans ces marais ; il se jette à ses pieds, et le supplie de sauver et de secourir un homme qui, s'il échappait à son malheur présent, le récompenserait un jour bien au delà de ses espérance. Le vieillard, soit qu'il connût depuis longtemps Marius, soit que son air majestueux lui fit juger que c'était un personnage distingué, lui dit que s'il ne voulait que se reposer, sa cabane lui suffirait ; mais que s'il errait pour fuir ses ennemis, il le cacherait dans un lieu plus sûr et plus tranquille. Marius l'ayant prié de le faire, cet homme le mena près de la rivière, dans un endroit creux du marais, où il le fit coucher, et le couvrit de roseaux et d'autres plantes légères, dont le poids ne pouvait le blesser. Il n'y avait pas longtemps qu'il y était caché, lorsqu'il entendit un grand bruit du côté de la cabane. Géminius avait envoyé de Terracine plusieurs cavaliers à sa poursuite ; quelques-uns d'eux étant venus par hasard en cet endroit, cherchèrent à effrayer le vieillard, en lui criant qu'il cachait un ennemi des Romains. Marius, qui les entendit, se leva du lieu où il était caché, et, s'étant dépouillé, il s'enfonça dans l'endroit où l'eau était le plus épaisse et le plus bourbeuse ; et c'est ce qui le fit découvrir par ceux qui le cherchaient.