Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que les soldats qui la gardaient près de là venaient de lâcher, voyant Sertorius, s’élance avec un air de joie vers le tribunal, appuie sa tête sur les genoux de Sertorius ; et lui lèche la main droite, caresse qu’elle avait coutume de lui faire. Sertorius répond à ses caresses par des témoignages d’une véritable affection, jusqu’à verser des larmes. Après quelques moments de surprise, les spectateurs finissent par battre des mains, en s’écriant que Sertorius est un homme divin et chéri des dieux ; ils le reconduisent dans sa tente, pleins de confiance, et se livrent aux plus heureuses espérances.

XXIII. Pendant qu’il était sur des terres des Saguntins, il fut forcé d’en venir aux mains avec les ennemis, qui, réduits à la plus extrême disette, étaient sertis de leur camp pour fourrager et ramasser des vivres. Les deux armées donnèrent des preuves de la plus grande valeur ; Memmius, le plus habile des lieutenants de Pompée, fut tué au fort du combat. Sertorius, pour qui la victoire paraissait déclarée, fit main basse sur tous ceux qui lui résistaient encore, et poussa jusqu’à Métellus, qui, en tenant ferme et combattant avec une force au-dessus de son âge, fut blessé d’un coup de lance : les Romains qui furent témoins de sa blessure, et ceux qui l’apprirent, honteux