Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/141

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pirates. Les généraux ennemis furent donc obligés de se séparer ; Métellus se retira dans les Gaules, et Pompée prit ses quartiers d’hiver dans les pays des Vaccéens(14). Le défaut d’argent les lui rendait difficiles, et il écrivit au sénat que, s’il n’en recevait bientôt, il serait obligé de ramener son armée à Rome, le sacrifice qu’il avait fait de sa fortune à la défense de l’Italie ne lui permettant pas d’en faire de nouveaux. Déjà même le bruit courait dans Rome que Sertorius serait en Italie avant Pompée ; tant par son habileté, il avait mis dans le, dernier embarras les premiers et les plus puissants des généraux que les Romains eussent alors !

XXIV. Métellus lui-même montra son extrême crainte, et la haute opinion qu’il avait de Sertorius ; il fit publier à son de trompe qu’il donnerait cent talents d’argent et deux mille plèthres de terre(15) au premier Romain qui le tuerait ; et si c’était un banni, il y ajoutait la promesse de son rappel. Acheter sa mort par une trahison, c’était déclarer qu’il n’espérait rien de la force : enfin, étant venu à bout de le vaincre dans un combat, il fut si enflé, si ravi de ce succès, qu’il prit le titre d’Imperator, et que les villes par où il passait lui dressèrent des autels, et lui offrirent des sacrifices. Il souffrit