Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/468

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vos livres des sciences acroamatiques. En quoi donc serions-nous supérieurs au reste des hommes, si les sciences que vous m’avez apprises deviennent communes à tout le monde ? J’aimerais mieux encore les surpasser par les connaissances sublimes que par la puissance. Adieu. » Aristote, pour consoler cette âme ambitieuse et pour se justifier lui-même, lui répondit que ces ouvrages étaient publiés et qu’ils ne l’étaient pas. Il est vrai que ses traités de métaphysique sont écrits de manière qu’on ne peut ni les apprendre seul, ni les enseigner aux autres et qu’ils ne sont intelligibles que pour les personnes déjà instruites. Il me semble aussi que ce fut Aristote qui lui donna, plus qu’aucun autre de ses maîtres, le goût de la médecine ; car ce prince ne se borna pas seulement à la théorie de cette science, il secourait ses amis dans leurs maladies et leur prescrivait un régime et des remèdes, comme il paraît par ses lettres.

X. Il avait aussi un goût naturel pour les belles-lettres et portait jusqu’à la passion l’amour de la lecture et de l’étude. Il faisait le plus grand cas de l’lliade, qu’il appelait la meilleure provision pour l’art militaire. Aristote lui donna l’édition de ce poème qu’il avait corrigée et qu’on nommait l’édition de la cassette. Alexandre,