Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/477

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femme aussi distinguée par sa naissance que par sa vertu, pillèrent tout ce qu’elle avait ; leur capitaine, après l’avoir traitée avec le dernier outrage, lui demanda si elle avait de l’or et de l’argent caché. Timoclée lui dit qu’elle en avait ; et, le menant seul dans son jardin, elle lui montre un puits, où, disait-elle, au moment de la prise de Thèbes, elle avait caché tout ce qu’elle avait de plus précieux. Le Thrace s’approche du puits et se baisse pour y regarder ; Timoclée, qui était restée derrière lui, le poussant avec force, le précipite dans le puits et l’y assomme à coups de pierres. Les soldats thraces l’ayant menée à Alexandre chargée de chaînes, ce prince jugea d’abord, à son air et à sa démarche, que c’était une femme d’une haute naissance et d’un grand courage ; car elle suivait les soldats sans montrer ni étonnement ni crainte. Le roi lui ayant demandé qui elle était : « Je suis, lui répondit-elle, la sœur de Théagène, celui qui combattit contre Philippe pour la liberté de la Grèce, et qui périt à la bataille de Chéronée, où il commandait. » Alexandre, admirant sa réponse et l’action qu’elle avait faite, ordonna qu’on la laissât aller en liberté, elle et ses enfants.

XVII. Il pardonna aux Athéniens, quelque affectés qu’ils parussent du malheur des Thébains.