Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/478

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Leur affliction fut si vive, qu’ils ne voulurent pas célébrer les grands mystères, quoiqu’ils fussent à la veille de cette fête. Ils traitèrent avec toute sorte d’humanité ceux des Thébains qui se réfugièrent dans leur ville. Mais, soit que la colère d’Alexandre, comme celle des lions, se fût éteinte dans le sang qu’il avait fait couler ; soit qu’il voulût opposer à une action si atroce et si barbare un acte éclatant de douceur, non content d’oublier tous les sujets de plainte qu’il pouvait avoir contre les Athéniens, il les invita à s’occuper sérieusement des affaires communes, parce que leur ville, s’il venait lui-même à manquer, était faite pour donner la loi au reste de la Grèce. Dans la suite il témoigna souvent, à ce qu’on assure, un vif repentir de la rigueur avec laquelle il avait traité les Thébains ; et ce souvenir le rendit plus doux en plusieurs occasions. Il attribua même à la colère et à la vengeance de Bacchus le meurtre de Clitus qu’il tua dans l’ivresse, et la lâcheté des Macédoniens, qui, en refusant de le suivre dans les Indes, laissèrent son expédition et sa gloire imparfaites. Dans la suite, aucun des Thébains qui survécurent au désastre de leur patrie ne s’adressa inutilement