Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/496

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et tous les ornements dont elles auraient besoin. Il leur conserva tous les officiers qu’elles avaient à leur service, et tous les honneurs qu’on leur rendait : il leur assigna même des pensions plus fortes que celles dont elles jouissaient à la cour de Perse. Mais la faveur la plus belle et la plus honorable pour des princesses qui, ayant toujours vécu dans la plus grande sagesse, étaient tombées dans la captivité, c’est que jamais elles n’entendirent proférer un seul mot déshonnête et n’eurent pas lieu de craindre, ni même de soupçonner rien qui fût contraire à la pudeur. Renfermées, non comme dans un camp ennemi, mais comme dans des asiles consacrés à des vierges, elles y vécurent dans une retraite profonde, et sans être vues de personne. Cependant la femme de Darius était, à ce qu’on assure, la plus belle princesse du monde, comme Darius était le plus beau et le mieux fait de tous les princes, et leurs filles leur ressemblaient.

XXIX. Mais Alexandre, jugeant avec raison qu’il est plus digne d’un roi de se vaincre soi-même que de triompher de ses ennemis, ne s’approcha jamais d’elles et ne connut même, avant son mariage, d’autre femme que Barsine, qui, devenue veuve par la mort de Memnon, fut prise près de Damas. Comme elle était instruite dans