Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/498

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beauté merveilleuse et qu’il l’achèterait pour le lui amener. Informé que Damon et Théodore, deux Macédoniens qui servaient dans l’armée de Parménion, avaient violé les femmes de quelques soldats mercenaires, il écrivit à ce général que si ces deux hommes étaient convaincus de ce crime, il les fît punir de mort, comme des bêtes féroces nées pour être le fléau de l’humanité. Et dans cette lettre il disait de lui en propres termes : « Pour moi, on ne me reprochera pas d’avoir vu ou voulu voir la femme de Darius ; je n’ai pas même souffert qu’on parlât de sa beauté devant moi. » C’était surtout à deux choses qu il se reconnaissait mortel, au sommeil et à l’amour, parce qu’il regardait la lassitude et la volupté comme deux effets de la faiblesse de la nature.

XXX. Sobre par tempérament, il donna plusieurs fois des preuves de sa frugalité, et en particulier dans sa réponse à la reine Ada, qu’il avait en quelque sorte adoptée pour sa mère, et rétablie dans le royaume de Carie. Cette princesse crut lui faire plaisir en lui envoyant tous les jours les viandes les mieux préparées, les pâtisseries les plus délicates, avec les meilleurs cuisiniers et les pâtissiers les plus habiles ; mais il