Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/512

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répondit Alexandre ; je ne cherche pas à me faire craindre de mes amis, comme tu le voudrais, toi qui méprises ma table, parce qu’on n’y sert que des poissons et non pas des têtes de satrapes. » On dit en effet qu’Alexandre ayant envoyé quelques petits poissons à Éphestion, Anaxarque avait tenu le propos qu’Alexandre lui reprochait ; mais que ce philosophe n’avait voulu que témoigner son mépris pour ceux qui poursuivent les grandes fortunes à travers mille peines et mille dangers, et tourner en ridicule ces hommes qui, malgré tous leurs plaisirs et toutes leurs jouissances, n’ont rien ou presque rien au-dessus des autres mortels. Il paraît, par les différents traits que nous venons de rapporter, qu’Alexandre, loin de s’abuser lui-même et de s’enfler de cette prétendue divinité, se servait seulement de l’opinion que les autres en avaient pour les assujettir.

XL. A son retour d’Égypte en Phénicie, il fit des sacrifices et des pompes solennelles en l’honneur des dieux ; il célébra des chœurs de musique et des jeux où l’on disputa le prix de la tragédie, et qui furent remarquables non seulement par la magnificence de leur appareil, mais encore par l’émulation de ceux qui en firent les préparatifs. Les rois de Cypre avaient fourni à