Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/543

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pas mortels tant qu’ils auraient un tel roi à leur tête.

LIX. Ils avaient tous le même désir de le suivre ; mais il n’y en eut que soixante qui purent arriver avec lui au camp des ennemis. Là, ayant passé sur des tas d’or et d’argent répandus à terre et à travers une grande quantité de chariots remplis de femmes et d’enfants, qui n’avaient pas de conducteurs, ils couraient à toute bride vers les escadrons les plus avancés, où ils pensaient que devait être Darius. Ils le trouvèrent enfin, couché dans son char, le corps percé de javelots et sur le point d’expirer. Dans cet état, il demanda à boire ; et ayant bu de l’eau fraîche que Polystrate lui donna : « Mon ami, lui dit-il, c’est pour moi le comble du malheur, que d’avoir reçu de toi un tel bienfait, sans pouvoir le reconnaître ; mais Alexandre t’en donnera la récompense ; et les dieux récompenseront Alexandre de la douceur qu’il a témoignée à ma mère, à ma femme et à mes enfants ; mets pour moi ta main dans la sienne, comme un gage de ma reconnaissance., En finissant ces mots, il mit sa main dans celle de Polystrate et il expira. Alexandre arriva dans ce moment et donna toutes les marques de la douleur la plus vive ; il détacha son manteau, le jeta sur le corps de Darius et l’enveloppa.