Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/108

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Sparte eux-mêmes étaient des Héraclides ; mais Xénophon a voulu sans nul doute parler des plus immédiats descendants d’Hercule. Cependant, malgré ces incertitudes où flotte l’histoire, nous tâcherons de ne nous attacher, dans notre récit, qu’aux faits les moins contestés de la vie de Lycurgue, et qui se recommandent par les plus graves autorités.

Le poëte Simonide dit que Lycurgue était fils de Prytanis, et non pas d’Eunomus ; mais la plupart des écrivains donnent une autre généalogie de Lycurgue et d’Eunomus. Soüs aurait eu pour père Patroclès, fils d’Aristodème ; de Soüs naquit Eurytion, d’Eurytion Prytanis, de Prytanis Eunomus, qui eut, de sa première femme, Polydectès, et Lycurgue de la seconde, nommée Dianasse. Suivant le rapport de l’historien Euthychidas[1], Lycurgue était le sixième descendant de Patroclès, et le onzième après Hercule.

Soüs fut le plus renommé de ses ancêtres. C’est du temps de Soüs que les Spartiates réduisirent les Hilotes[2] en servitude, et qu’ils accrurent leur territoire d’une grande partie de celui des Arcadiens. On raconte que Soüs, assiégé par les Clitoriens dans un poste difficile et qui manquait d’eau, consentit à leur abandonner les terres conquises par les Spartiates, à condition qu’ils le laisseraient boire, lui et tous les siens, dans la fontaine voisine. Après les serments réciproques, Soüs assembla ses soldats, et déclara qu’il cédait la royauté à celui qui s’abstiendrait de boire ; mais aucun n’en eut le courage. Après qu’ils eurent tous bu, il descendit le dernier de tous à la fontaine, et il se rafraîchit simplement le visage, prenant à témoin les ennemis, qui étaient encore là : aussi retint-il les terres, sous prétexte que toute l’armée n’a-

  1. Écrivain inconnu, probablement Spartiate, à en juger par la terminaison dorienne de son nom.
  2. Les Hilotes étaient un des peuples de la Laconie. Leur nom devint plus tard, à Sparte, le nom générique de tous les esclaves.