plus haut, tient aussi sa place. Démarate, importuné par les questions déplacées d’un faquin, et l’entendant demander sans cesse quel était le plus homme de bien de Lacédémone, lui répondit : « Celui qui te ressemble le moins. » On louait, devant Agis, l’équité des jugements que portaient les Éléens aux fêtes d’Olympie[1]. « Belle merveille, dit-il, que les Éléens soient, en cinq ans, justes un jour ! » Un étranger faisait montre de dévouement aux Spartiates : « Dans notre ville, disait-il, on m’appelle l’ami des Lacédémoniens. — Il vaudrait mieux, dit Théopompe, qu’on t’y appelât l’ami de tes concitoyens. » Un rhéteur athénien traitait les Spartiates d’ignorants. « Tu as raison, dit Plistonax, fils de Pausanias ; car nous sommes les seuls, dans la Grèce, qui n’ayons appris de vous rien de mal. » « Combien êtes-vous de Spartiates ? demandait-on à Archidamidas. — Assez, mon ami, pour chasser les méchants. »
On peut, à leurs plaisanteries même, juger de leur habitude de ne rien dire d’inutile, et de ne laisser échapper aucune parole qui ne renfermât une pensée de quelque valeur. On proposait à un Spartiate d’aller entendre un homme qui imitait le rossignol. « J’ai entendu. dit-il, le rossignol lui-même. » Un autre, après avoir lu cette épitaphe :
Tandis qu’ils éteignaient la tyrannie, l’impitoyable Mars
Fit d’eux sa proie ; et ils périrent aux portes de Sélinonte.
« Ils avaient bien mérité leur mort, dit-il ; car ils devaient laisser brûler la tyrannie tout entière[2]. » On promettait à un jeune homme de lui donner des coqs qui se faisaient tuer en combattant. « Je n’en veux point, dit-il ; donne-m’en de ceux qui tuent en combattant. » Un autre, voyant des hommes qui s’en allaient à la cam-