Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/172

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qu’ils appellent Vesta et la Monade[1]. Ils ne croient point que la terre soit immobile, ni placée au centre de la sphère : ils prétendent qu’elle décrit un cercle autour du feu ; et ils ne la comptent pas au nombre des plus précieuses parties, ni des premières, qui constituent le monde. On tient que Platon, dans sa vieillesse, adopta la même doctrine au sujet de la terre, à savoir qu’elle n’occupait pas le centre de l’univers, et qu’elle cédait cette place, la plus honorable, à un plus noble élément.

Ce sont aussi les Pontifes qui prescrivent les rites à observer dans les funérailles. Numa leur avait appris à ne point croire qu’il y ait rien qui souille dans ces cérémonies : on devait, suivant lui, honorer d’un culte les dieux des enfers, lesquels reçoivent les éléments principaux de notre être, et, entre toutes ces divinités, celle qu’il appelait Libitine, la déesse qui veille sur les droits des morts : soit qu’on la confonde avec Proserpine, ou plutôt avec Vénus, comme font les plus savants Romains, rattachant, non sans raison, à une même divinité la naissance et la mort des hommes. Pour le deuil, il en proportionna la durée à l’âge où étaient morts ceux qu’on pleurait. Ainsi, point de deuil pour un enfant au-dessous de trois ans ; depuis cet âge, jusqu’à celui de dix ans, autant de mois de deuil que l’enfant aurait vécu d’années. C’est là que s’arrêtait l’augmentation : le plus long deuil ne dépassait pas dix mois. C’est le temps que doit durer le veuvage des femmes qui ont perdu leurs maris : la femme qui se remariait avant ce délai sacrifiait une vache pleine, aux termes de la loi de Numa.

Numa institua encore plusieurs autres collèges de prêtres : je n’en citerai plus que deux, celui des Saliens et celui des Féciaux, parce qu’ils mettent dans tout son jour la piété du monarque. Les Féciaux me paraissent

  1. C’est-à-dire l’Unité.