Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/239

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il vivait alors dans un grand loisir, comme il le fait entendre lui-même :

Je vieillis en apprenant toujours davantage ;


et ailleurs :

Ce que j’aime aujourd’hui, ce sont les dons de Cypris, de Bacchus
Et des Muses : c’est là ce qui fait le bonheur des hommes.

Platon s’empara du sujet de l’Atlantide, comme d’une belle terre abandonnée, qui lui revenait par droit de parenté[1], et il se piqua d’honneur de l’achever et de l’embellir. Il y mit un vestibule superbe, l’entoura d’une enceinte, de vastes cours, tels que jamais histoire, fable ou poëme n’en eut de semblables. Mais il avait commencé trop tard : prévenu par la mort, il n’eut pas le temps d’achever son ouvrage ; et, plus il y a de plaisir à lire ce qui en est écrit, plus ce qui manque laisse de regrets au lecteur. De tous les temples d’Athènes, celui de Jupiter Olympien est le seul qui ne soit pas fini ; de même, entre tant de belles œuvres de la sagesse de Platon, il n’y a que son Atlantide qui soit restée imparfaite[2].

Héraclide de Pont dit que Solon survécut longtemps à l’usurpation de Pisistrate ; mais, si l’on en croit Phanias d’Érèse[3], ce fut moins de deux ans ; car la tyrannie de Pisistrate avait commencé sous l’archonte Comias, et Solon, suivant Phanias, mourut sous l’archonte Hégestrate, successeur de Comias[4]. Mais, que le corps de Solon ait été brûlé, et ses cendres jetées au vent, dans l’île de Salamine, c’est le conte le plus absurde et le plus desti-

  1. Platon descendait d’un frère de Solon.
  2. C’est le dialogue autrement intitulé Critias.
  3. Le même que Plutarque a nommé plus haut Phanias de Lesbos. Érèse était dans cette ile.
  4. Environ l’an 550 avant J.-C.