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PUBLICOLA.

jusqu’à ce que l’ennemi tombât dans l’embuscade. Publicola, le jour même, fut informé du projet par des transfuges. Il pourvoit à tout sur-le-champ, et il partage son armée. Postumius Balbus, son gendre, va, avec trois mille hommes, se saisir, dès le soir, des hauteurs qui couvraient l’embuscade, et il y attend le moment favorable. Lucrétius, collègue de Publicola, prend, parmi les soldats qui sont dans la ville, les plus agiles et les plus braves, pour tomber avec eux sur les fourrageurs. Lui-même, avec le reste de l’armée romaine, il enveloppe l’armée des Sabins.

Le lendemain, il s’éleva, vers la pointe du jour, un brouillard épais, et qui favorisa les Romains. Postumius fond à grands cris des hauteurs sur les troupes qui étaient en embuscade, pendant que Lucrétius charge la cavalerie qui courait la campagne, et que Publicola attaque le camp des ennemis. Les Sabins, surpris de tous côtés, sont bientôt défaits et mis en déroute ; ceux du camp ne songent pas même à se défendre : ils prennent la fuite, et ils sont taillés en pièces. Rien ne fut plus funeste pour les Sabins que l’espérance qu’ils avaient mutuellement que les autres n’avaient pas été battus ; car d’aucun côté ils ne songèrent à tenir ferme et à combattre : ceux du camp couraient vers ceux de l’embuscade, qui, à leur tour, couraient vers le camp ; et tous, au lieu de trouver un refuge, ne rencontraient que des fuyards, qui avaient eux-mêmes besoin du secours qu’on espérait recevoir d’eux. Tous les Sabins auraient péri, si Fidènes, la ville voisine, n’eût fourni asile à quelques-uns, surtout à ceux qui se sauvèrent du camp, après qu’il fut pris par les Romains. Ceux qui ne purent gagner Fidènes furent tués ou faits prisonniers.

Les Romains, tout accoutumés qu’ils fussent à rapporter aux dieux la gloire de leurs succès, attribuèrent cette victoire à la seule prévoyance du général ; et le premier mot de ceux qui avaient été à la bataille fut que