Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/355

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par un long circuit, le mont Marcius, alla placer son camp derrière les ennemis ; sans être aperçu, et fit allumer de grands feux, pour avertir les assiégés de sa présence. Ceux-ci reprennent courage à cette vue, et ils s’apprêtent à faire une sortie, et à attaquer l’ennemi. Mais les Latins et les Volsques se tintent à couvert dans leur camp, et ils se fortifièrent de tous les côtés par de bonnes palissades en croix, enfermés qu’ils se voyaient entre deux armées. Dans cette position, ils résolurent d’attendre de nouvelles troupes de leurs pays, et le secours des Étrusques. Camille, qui pénétra leur dessein, et qui craignait de se voir enveloppé à son tour, se hâta de prévenir l’événement. Les retranchements de l’ennemi étaient construits entièrement en bois ; et il s’élevait tous les matins un grand vent du côté des montagnes : Camille fait préparer une ample provision de torches ; et, dès le point du jour, il met son armée sur pied. Il ordonne à un corps de troupes de s’armer de traits, et d’assaillir l’ennemi d’un côté, en jetant de grands cris : pour lui, il se poste, avec ceux qui doivent lancer les feux, à l’endroit d’où le vent avait coutume de souffler de toute sa force, et il attend le moment favorable. L’attaque était engagée de l’autre côté ; le vent, au lever du soleil, se mit à souffler avec violence : à ce moment, Camille donne le signal aux siens, qui font pleuvoir dans les retranchements une grêle de traits enflammés. Le feu prit aisément à ces pieux de bois serrés les uns contre les autres, et garnis d’autres bois posés en travers ; et l’incendie se communiqua rapidement à toute l’enceinte. Les Latins n’avaient à leur disposition rien qui pût l’éteindre, ou en arrêter les progrès ; et tout leur camp fut bientôt en flammes. Ils se ramassèrent d’abord dans un espace étroit ; mais force leur fut bien d’en sortir, et ils tombèrent entre les mains des ennemis, rangés en bataille devant les retranchements. Il n’en échappa qu’un très-petit nombre ; et ceux qui restèrent dans le