Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/461

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autres se rangèrent sous sa direction, et cédèrent à l’ascendant de son autorité. Fabius ne hasarda rien, ne fit lui-même aucune faute ; mais il n’eut pas le pouvoir d’empêcher les autres d’en faire, et en cela il paraît inférieur à Périclès ; car, s’il avait eu la même puissance que Périclès à Athènes, les Romains n’auraient pas éprouvé d’aussi terribles désastres.

La grandeur d’âme qu’inspire le mépris des richesses, l’un la montra en n’acceptant rien de ce qu’on lui offrait, et l’autre, en donnant libéralement à ceux qui étaient dans le besoin, comme quand il racheta de ses deniers les prisonniers de guerre : il est vrai que la somme qu’il dépensa alors ne s’élevait qu’à six talents[1]. Il ne serait guère possible de dire combien Périclès aurait pu amasser de richesses, à cause de sa grande puissance, s’il eût accepté les présents des alliés et des rois qui voulaient gagner ses bonnes grâces ; mais toujours il repoussa les présents et conserva ses mains pures. Quant à la grandeur des édifices et des temples, et à la magnificence des constructions dont Périclès embellit Athènes, on ne pourrait y comparer dignement, même tous ensemble, les plus beaux monuments que Rome possédait avant les Césars : ceux-là l’emportent infiniment, et ils sont hors de toute comparaison, et pour la perfection des détails, et pour la majesté de l’ordonnance.

  1. Plutarque a dit plus haut deux cent quarante hommes à 250 drachmes par tête : cela fait soixante mille drachmes, et, par conséquent, dix talents, et non pas six talents. C’est donc ici ou une inadvertance de l’historien, ou une erreur de quelque copiste.