Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/470

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crate, qui voulait augmenter en lui l’émulation pour la véritable gloire, fut le premier à témoigner en sa faveur, et à demander qu’on lui décernât la couronne et l’armure complète. À la bataille de Délium[1], les Athéniens ayant été mis en fuite, Socrate se retirait à pied avec quelques soldats. Alcibiade, qui était à cheval, ne passa point outre, dès qu’il eut vu Socrate : il se tint toujours à ses côtés, et il le défendit courageusement contre les ennemis, qui harcelaient les fuyards, et qui en tuaient un grand nombre. Ceci se passait assez longtemps après l’autre affaire[2].

Il donna un soufflet à Hipponicus, père de Callias, un personnage des plus illustres d’Athènes, et des plus puissants par sa naissance et ses richesses ; et il le fit, non dans un mouvement de colère ou à la suite d’une dispute, mais par plaisanterie, et sur une gageure qu’il avait faite avec ses camarades. Cette insolence, bientôt divulguée dans toute la ville, excita, comme on pense bien, l’indignation universelle. Le lendemain, dès la pointe du jour, Alcibiade va chez Hipponicus : il frappe à la porte, il entre, se dépouille de ses habits, et lui abandonne son corps à fouetter et à châtier suivant son bon plaisir. Hipponicus lui pardonna ; et son ressentiment s’apaisa si bien, qu’il lui fit épouser, dans la suite, sa fille Hipparète. Mais, suivant quelques-uns, ce ne fut point Hipponicus, mais son fils Callias, qui donna Hipparète à Alcibiade, avec une dot de dix talents[3] ; et Alcibiade, au premier enfant qui naquit, en réclama dix autres, soutenant qu’on les lui avait promis, au cas où il aurait des enfants. Callias, qui craignait de sa part quelque mauvais dessein, l’institua, par une déclaration publique, héritier de ses biens et de sa maison, s’il

  1. Dans la Béotie, en 424.
  2. Il y a un intervalle de près de huit ans.
  3. Environ 36,000 francs, qu’il faudrait décupler, pour avoir la valeur réelle des dix talents de la dot d’Hipparète.