Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/501

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de Pharnabaze[1], sans que personne osât marcher à sa rencontre. Il fit prisonniers un grand nombre de prêtres et de prêtresses, mais il les renvoya sans rançon.

Il portait ses armes sur Chalcédoine[2] qui s’était révoltée contre les Athéniens, et qui avait reçu dans ses murs une garnison et un gouverneur de Lacédémone. Mais, comme il apprit que les habitants avaient ramassé toute la récolte de leurs terres, et qu’ils l’avaient mise en dépôt chez les Bithyniens, leurs amis, il s’achemina, avec un détachement, vers les frontières du pays, et il envoya un héraut porter ses plaintes aux Bithyniens. Ceux-ci, redoutant sa vengeance, livrent ce qu’ils avaient entre leurs mains, et font alliance avec lui. Alcibiade enferma Chalcédoine d’une muraille, qui s’étendait depuis une mer jusqu’à l’autre[3]. Pharnabaze s’approcha pour faire lever le siège ; et Hippocratès, gouverneur de la ville, fit de son côté, avec ses troupes, une sortie contre les Athéniens. Alcibiade dispose son armée de manière à faire tête en même temps à l’un comme à l’autre ; il force Pharnabaze à prendre honteusement la fuite, met les Lacédémoniens en déroute, et tue Hippocratès avec un grand nombre des siens. Il s’embarque ensuite, et il va lever des tributs dans l’Hellespont.

Il prit Sélybrie[4], en s’exposant mal à propos à un extrême danger. Ceux qui devaient lui livrer la ville étaient convenus d’élever, à minuit, un flambeau allumé ; mais, craignant d’être découverts, parce qu’un de leurs complices avait tout à coup changé d’avis, ils furent obligés de prévenir l’heure donnée, et ils levèrent le flambeau avant que l’armée fût encore prête. Alcibiade

  1. C’est-à-dire la Phrygie, dont Pharnabaze était gouverneur.
  2. A l’entrée du Bosphore, sur la côte d’Asie.
  3. C’était un retranchement construit en bois, qui allait de la Propontide au Pont-Euxin
  4. Ou Sélymbrie, dans la Thrace.