Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/524

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couvert de sang et de sueur, furent d’abord effrayés ; mais, quand ils virent qu’il courait au consul, et lui tendait la main avec tous les signes de la joie, en lui annonçant la prise de Corioles, et que Cominius, de son côté, l’embrassait et le serrait étroitement dans ses bras, alors tous sentirent se ranimer leur confiance ; car les uns avaient entendu la nouvelle de cet heureux événement, et les autres l’avaient devinée. Ils poussent des acclamations, et ils pressent leurs généraux de les mener au combat.

Marcius demanda à Cominius quel était l’ordre de bataille des ennemis, et où étaient rangées leurs meilleures troupes. Cominius répondit qu’il croyait que leur centre était occupé par les Antiates, les plus belliqueux des Volsques, et qui ne le cédaient en courage à personne. « Je t’en prie donc, dit Marcius, et je t’en conjure, mets-moi en face d’eux. » Le consul, plein d’admiration pour son dévouement, lui accorda sa demande. À peine a-t-on lancé les premiers traits, Marcius sort des rangs, charge les Volsques qu’il avait devant lui, et les enfonce du premier choc. Mais les deux ailes se tournent contre lui ; et il allait être enveloppé, quand le consul, qui vit le danger, envoya ses meilleurs soldats au secours. Il se livra, autour de Marcius, un sanglant combat : la terre fut en un instant jonchée de morts ; mais à la fin, les ennemis, écrasés de toutes parts, furent rompus et mis en fuite. Marcius était couvert de blessures et accablé de fatigue. Les Romains qui poursuivaient les ennemis le priaient de se retirer dans le camp. « Ce n’est pas aux vainqueurs, dit-il, à être las ; » et il court après les fuyards. Ce qui restait de l’armée des Volsques fut complètement défait ; et il y eut un grand nombre de morts et de prisonniers[1].

  1. Cette bataille et la prise de Corioles sont de la même année que la retraite du peuple sur le mont Sacré.