Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/527

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pelèrent Diadématus un des Métellus, parce qu’ayant eu pendant longtemps une plaie au front, il ne paraissait en public que la tête bandée. Un autre Métellus fut nommé Céler[1], parce que, très-peu de jours après la mort de son père, il avait réussi à donner, pour les obsèques, un combat de gladiateurs aux Romains, émerveillés de la promptitude de tant de préparatifs. Encore aujourd’hui, ils donnent des surnoms pris de quelque particularité de la naissance. Ils appellent Proculus[2], celui qui est né pendant que son père était absent ; Postumus[3], celui qui vient au monde après la mort de son père. Quand, de deux jumeaux, l’un meurt en naissant, le survivant reçoit le surnom de Vopiscus[4]. Ils empruntent aussi leurs surnoms des imperfections du corps, tels que Sylla[5], Niger[6], Rufus[7], ou même Cécus[8], Claudius[9]. C’était un admirable moyen d’accoutumer les citoyens à ne pas rougir de la cécité, ni des autres défauts du corps ; à ne les point regarder comme une honte et un affront, mais à y répondre comme à des noms propres. Au reste, ce sont là des recherches qui conviennent mieux peut-être à un autre sujet.

Quand la guerre fut finie, les démagogues réveillèrent la sédition. Non point qu’ils eussent quelque nouveau sujet de plainte, quelque accusation fondée ; mais ils prirent pour prétexte d’imputer aux patriciens les maux qui n’étaient que la suite nécessaire des premiers

  1. C’est-à-dire prompt.
  2. De procul, loin.
  3. C’est-à-dire tout à fait dernier. Ce mot doit s’écrire sans h ; et nous avons le plus grand tort d’en mettre une dans notre mot posthume, qui n’est que la transcription de ce superlatif latin.
  4. Né viable.
  5. On verra, dans la Vie de Sylla, que Plutarque s’est trompé sur le sens de ce nom.
  6. Le noir.
  7. Le roux.
  8. L’aveugle.
  9. Le boiteux.