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ARISTIDE.


(De l’an 530 environ à l’an 467 avant J.-C)

Aristide, fils de Lysimachus, était de la tribu Antiochide, et du dème Alopèce. Quant à ses biens, on en a fort diversement parlé : suivant les uns, il vécut toujours dans une étroite pauvreté, et après sa mort il laissa deux filles qui furent longtemps sans trouver à se marier, à cause de leur indigence. Mais Démétrius de Phalère[1], dans son Socrate[2], attaqua cette tradition si universellement adoptée : il allègue qu’il connaissait, à Phalère, une campagne appelée la terre d’Aristide, où Aristide avait été enseveli ; il énumère plusieurs preuves de la richesse de sa maison : premièrement, la charge d’archonte éponyme[3], qui lui échut par le sort des fèves, dignité réservée aux familles les plus opulentes, et qui composaient la classe des citoyens appelés pentacosiomédimnes[4] ; en second lieu, l’ostracisme, sentence qu’on ne portait jamais contre les pauvres, mais seulement

  1. Célèbre orateur et grammairien du IVe siècle avant notre ère, qui fut établi commandant à Athènes, en 318, par Cassandre, gouverneur de Macédoine. Il avait composé un grand nombre d’ouvrages dans tous les genres. Il ne nous reste, sous son nom, qu’un de ses traités grammaticaux, intitulé de l’Élocution.
  2. C’était probablement un dialogue à la manière de ceux des philosophes socratiques ; le titre même semble l’indiquer.
  3. C’était celui qui donnait son nom à l’année : on n’inscrivait jamais dans la date des actes publics les noms de ses autres collègues.
  4. Voyez la Vie de Solon dans le premier volume.