Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/193

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contre les hommes de grande maison, et que leur illustration héréditaire exposait à l’envie ; en troisième et dernier lieu, les trépieds des jeux publics consacrés par Aristide dans le temple de Bacchus, comme monument de victoire. On montrait encore de mon temps ces trépieds, sur lesquels se lisait cette inscription : « La tribu Antiochide remportait la victoire ; Aristide était chorège[1] ; Archestratus conduisait la représentation. »

Cette preuve paraît très-forte, elle est cependant bien faible ; car Épaminondas, qui fut élevé, tout le monde le sait, et passa sa vie dans la pauvreté, Épaminondas, dis-je, et Platon le philosophe se chargèrent des frais de jeux qui n’étaient pas sans magnificence : le premier défraya une troupe de joueurs de flûte ; et le second, un chœur cyclique[2] composé d’enfants. Mais c’est Dion le Syracusain qui fournissait à Platon l’argent nécessaire, et Pélopidas à Épaminondas ; car les hommes vertueux ne font pas aux présents de leurs amis une guerre qui n’ait ni fin ni trêve. Sans doute, à les accepter pour les mettre en réserve et pour augmenter leur avoir, ils ne verraient que lâcheté et bassesse ; mais ils ne repoussent point des moyens de satisfaire une ambition honorable et exempte de toute vue d’intérêt. Par rapport aux trépieds, Panétius fait voir clairement que Démétrius a été trompé par une ressemblance de noms. Depuis les guerres des Perses jusqu’à celle du Péloponnèse, on ne trouve, en effet, dit-il, dans les registres publics, que deux Aristide, chorèges vainqueurs ; et ils ne sont ni l’un ni l’autre fils de Lysimachus. Le premier était fils de Xénophilus ; et le second ne vécut que longtemps après notre Aristide, comme le prouve l’orthographe de l’inscription,

  1. Le chorège faisait les frais de la représentation des pièces de théâtre.
  2. Voyez ma Notice sur Eschyle.