Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/251

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duire au bas de la montagne du côté du camp des ennemis. Ils placent des signaux sur des pointes de rochers visibles de loin, et qui dominaient le mont Callidromus ; puis ils retournent en arrière, et vont rejoindre le gros de l’armée. Tous ensemble ils s’avancent, guidés par les signaux, et gagnent le petit sentier, où ils s’engagent en bon ordre.

Ils avaient fait quelques pas à peine, lorsque, le sentier leur manquant, ils ne virent plus devant eux qu’un vaste gouffre. La frayeur les saisit de nouveau, et les jeta dans une cruelle incertitude : ils ignoraient, ils ne se doutaient même pas qu’ils fussent près des ennemis. Le jour commençait à poindre, lorsqu’un d’entre eux crut entendre du bruit, et, un instant après, voir le camp des Grecs et leurs gardes avancées, au-dessous du précipice. Caton arrête l’armée à cet endroit, et envoie dire aux Firmianiens[1] de venir seuls le trouver ; car il avait toujours trouvé en eux une fidélité parfaite et une grande ardeur. Ils accourent aussitôt, et se rangent autour de lui : « Je voudrais, leur dit-il, prendre un des ennemis en vie, pour savoir de lui quelles sont ces gardes avancées, quel est leur nombre, la disposition et l’ordre de toute l’armée, et les préparatifs avec lesquels ils nous attendent. Il faut, pour exécuter cet enlèvement, de la célérité, l’audace de lions se jetant sans armes sur des animaux timides. » Sur l’ordre de Caton, les Firmianiens s’élancent, tels qu’ils sont, du haut des montagnes, fondent à l’improviste sur les premières gardes, les chargent, les dispersent, et enlèvent un soldat tout armé qu’ils mènent à Caton. Il apprend de cet homme que le gros de l’armée est campé, avec le roi, dans les défilés et que les hauteurs sont gardées par six cents Étoliens d’élite.

  1. Troupes levées dans Firmum, aujourd’hui Firmo, près d’Ancône.