PHILOPŒMEN.
Il y avait à Mantinée un homme nommé Cassandre[1], d’une haute naissance, et l’un des citoyens le plus en crédit. Tombé dans le malheur, il s’enfuit de sa patrie et vint à Mégalopolis, à cause surtout de Crausis, père de Philopœmen, personnage distingué sous tous les rapports, et d’ailleurs lié avec lui d’une étroite amitié. Tant que Crausis vécut, il ne manqua de rien ; Crausis mort, Cassandre, en reconnaissance de l’hospitalité qu’il en avait reçue, éleva son fils devenu orphelin, comme Homère dit que Phœnix éleva Achille[2], en formant, en développant son caractère par une noble et royale éducation. Il fut remplacé dans ce soin, lorsque déjà Philopœmen sortait de l’enfance, par Ecdémus et Démophanès[3], tous deux de Mégalopolis, disciples d’Arcésilas dans l’Académie, et qui, plus que pas un de leurs contemporains, appliquèrent la philosophie à la politique et au maniement des affaires. Ils délivrèrent leur pays de la tyrannie, en suscitant secrètement les hommes qui tuèrent Aristodème ; avec Aratus, ils chassèrent Nicoclès, tyran de Sicyone ; à la prière des Cyrénéens, dont la république était dans un état de troubles et de souffrance, ils firent voile vers cette ville, y établirent de bonnes lois et une constitution ex-