Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/386

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les Lacédémoniens cherchaient à les en empêcher, on vit Pyrrhus à cheval s’ouvrir un passage vers la ville au delà du fossé et des chariots. Ceux qui étaient placés sur ce point firent entendre un grand cri, les femmes se mirent à courir en poussant des hurlements ; et déjà Pyrrhus avait forcé ce poste, et il faisait main basse sur ceux qu’il rencontrait, lorsqu’un trait crétois atteignit dans le flanc son cheval, qui tomba mort et jeta Pyrrhus sur un terrain en pente et glissant. Ses amis s’empressent pour le secourir ; en ce moment les Spartiates arrivent, et les chassent tous à coups de traits. Alors Pyrrhus fit cesser le combat sur tous les points, pensant que les Lacédémoniens se rendraient, parce que presque tous étaient blessés et qu’ils avaient perdu beaucoup de monde.

Mais la bonne fortune de la ville, soit qu’elle eût seulement voulu éprouver le courage des Spartiates ou montrer ce qu’elle peut dans les cas désespérés, au moment où les Lacédémoniens n’attendaient plus rien de bon, amena à leur secours, de Corinthe, avec un corps d’étrangers, Aminias le Phocéen, un des généraux d’Antigonus. À peine l’avaient-ils reçu dans leur ville, que le roi Aréus lui-même arriva de Crète à la tête de deux mille hommes. Alors les femmes se dispersèrent dans leurs maisons, n’ayant plus besoin de se mêler de la guerre ; on congédia ceux qui, hors de l’âge militaire, avaient été forcés par la nécessité de prendre les armes, et les nouveaux venus occupèrent leurs postes.

Pyrrhus, après l’arrivée de ce secours, n’en devint que plus opiniâtre, et se fit d’autant plus un point d’honneur de se rendre maître de la ville. Puis, voyant qu’il n’y gagnait que des blessures, il s’en alla et se mit à piller la campagne afin de se procurer de quoi y passer l’hiver, comme c’était son intention. Mais il est impossible d’éviter sa destinée. Argos était divisée en deux partis, par Aristéas et Aristippus. Celui-ci passait pour être soutenu