Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/394

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CAÏUS MARIUS.


(De l’an 157 à l’an 86 avant J.-C.)

Nous ne saurions donner à Caïus Marius un troisième nom, pas plus qu’à Quintus Sertorius, celui qui fut le maître de l’Espagne, ou à Lucius Mummius, celui qui détruisit Corinthe[1]. Car le nom d’Achaïque que porta ce dernier, n’était qu’un surnom tiré de sa victoire, comme celui d’Africain donné à Scipion, et celui de Macédonique à Métellus. C’est par cette raison surtout que Posidonius croit convaincre d’erreur ceux qui pensent que le nom propre des Romains est le troisième, comme Camille, Marcellus, Caton ; car il suivrait de là que ceux qu’on désigne par deux noms seulement n’auraient pas de nom propre. Posidonius ne s’aperçoit pas que, par ce raisonnement, il fait, d’un autre côté, que les femmes sont sans nom propre ; puisqu’on ne donne à aucune le premier des noms, que Posidonius pense être, chez les Romains, le nom propre[2], tandis que des deux autres l’un, suivant lui, serait le nom commun, le nom de la famille, les Pompéius, les Mallius, les Cornélius, comme qui dirait les Héraclides et les Pélopides, et l’autre serait

  1. Corinthe, détruite par Mummius, était en ce temps-là la capitale de l’Achaïe, comme on désignait la réunion de plusieurs cantons du Péloponnèse.
  2. On trouve cependant des femmes appelées Caïa, Lucia, Publia, comme le remarque Dacier ; et Valère Maxime dit qu’il était d’usage, dans les temps anciens de Rome, que les femmes eussent des prénoms.