Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/407

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l’inclinaison des cercles parallèles donne au pôle une telle élévation, qu’il est presque au zénith de ces peuples[1]. Les jours y sont égaux aux nuits, et partagent le temps en deux portions égales. C’est là ce qui a fourni à Homère le sujet de son évocation des morts[2]. Voilà d’où vinrent, vers l’Italie, ces Barbares appelés d’abord Cimmériens, et alors Cimbres, sans que leurs mœurs eussent aucune part à cette appellation. Mais tout cela n’est que conjecture, et n’offre aucun caractère de certitude historique.

Quant à leur nombre, plusieurs écrivains, loin de le faire moindre que nous n’avons dit, le portent bien plus haut encore. Leur audace et leur fureur étaient irrésistibles ; ils s’avançaient, renversant tout par la force de leurs bras dans les batailles, avec l’impétuosité et la violence du feu ; rien ne pouvait arrêter leur marche ; tous ceux qu’ils trouvaient sous leur passage, ils en faisaient leur proie, les emmenaient, et les entraînaient avec eux. Il y avait des armées romaines considérables et des préteurs chargés de défendre la Gaule transalpine : ils les avaient tous honteusement emportés dans leur course rapide. Et c’est, pardessus tout, la lâcheté de ceux ci dans les combats qui fit prendre aux Barbares le chemin de Rome, et les attira sur la ville : ils avaient vaincu les Romains qu’ils avaient rencontrés, ils avaient amassé des richesses considérables : aussi étaient-ils résolus de ne s’arrêter sur aucun point de la terre qu’après avoir ruiné Rome et saccagé l’Italie.

  1. Je n’ai pas besoin de remarquer tout ce qu’il y a d’exagéré et d’erroné dans cette opinion.
  2. Dans le onzième livre de l’Odyssée. Plutarque veut dire seulement que les ténèbres du pays des Cimmériens ont été le modèle de ces autres ténèbres au sein desquelles Homère a fait apparaître les morts.