Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/425

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d’avoir salué vos frères. » En disant ces mots, il ordonna qu’où amenât enchaînés les rois des Teutons ; car ils avaient été pris par les Séquaniens[1] comme ils fuyaient dans les Alpes.

Lorsque ces nouvelles furent rapportées aux Cimbres, ils se mirent aussitôt en marche sur Marius. Pour lui, il demeura tranquille dans son camp, qu’il se contenta de garder. C’est pour ce combat, dit-on, qu’il introduisit un changement dans le javelot. La hampe était enchâssée dans le fer, et y était clouée par deux chevilles de fer : Marius laissa une de ces chevilles comme elle était auparavant ; mais il ôta l’autre, et il la remplaça par une cheville de bois très-facile à rompre. Par ce moyen ingénieux, le javelot, en tombant sur le bouclier d’un ennemi, ne devait pas y rester droit, mais la cheville de bois devait se rompre et la hampe se plier à l’endroit du fer, de façon à ce que le bois traînât par terre sans se détacher du bouclier.

Boïorix, le roi des Cimbres, vint à cheval avec un petit nombre de ses gens jusqu’auprès du camp, et défia Marius à fixer le jour et le lieu pour le combat qui déciderait de la possession du pays. Marius répondit que jamais les Romains n’avaient pris conseil de leurs ennemis pour combattre, que cependant il voulait bien faire ce plaisir aux Cimbres ; et ils convinrent que ce serait à trois jours de là, dans les plaines de Verceil, où la cavalerie romaine pourrait manœuvrer à l’aise, et les Barbares déployer leur multitude. Les deux partis arrivèrent au jour marqué, et se mirent en bataille. Catulus commandait vingt mille trois cents hommes, et Marius trente-deux mille. Celui-ci partagea les siens en deux corps sur les ailes, et enferma Catulus au centre, suivant le

  1. Habitants de l’est de la Gaule, entre le Rhin, la Saône, le Rhône et les montagnes.