Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/493

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Les choses ainsi préparées, Silénus devait aller à Delphes, et réclamer les oracles, à titre de fils d’Apollon. Ceux des prêtres qui étaient les complices de Lysandre devaient tout examiner scrupuleusement, et prendre sur la naissance de Silénus d’exactes informations. Enfin, cette vérification faite, ils devaient montrer ces écrits au jeune homme, comme au véritable fils d’Apollon, et celui-ci lire publiquement les prédictions qu’ils contenaient, surtout celle qui était le but de cette intrigue, et qui regardait la royauté de Lacédémone : on y aurait vu qu’il était meilleur et plus expédient aux Spartiates de choisir leurs rois parmi les citoyens les plus vertueux. Silénus, parvenu à l’adolescence, était déjà arrivé en Grèce pour y jouer son rôle, lorsque Lysandre vit tomber sa pièce par la timidité d’un des acteurs, qui manqua de persévérance et se retira au moment de l’exécution. Rien ne transpira, du reste, de tout ce complot, durant la vie de Lysandre, mais seulement après sa mort.

Il mourut dans la guerre béotique, avant qu’Agésilas fût de retour d’Asie. Il s’était trouvé engagé dans cette guerre, ou plutôt il y avait lui-même jeté la Grèce, car on le dit des deux manières : les uns en accusent Lysandre, les autres les Thébains ; quelques-uns l’imputent également aux deux partis. On reproche aux Thébains d’avoir renversé, à Aulis, les autels des sacrifices ; on dit qu’Androclidès et Amphithéus, corrompus par l’argent du roi de Perse, n’avaient pris les armes contre les Phocéens et ravagé leur territoire, qu’afin d’occuper les Lacédémoniens dans une guerre contre la Grèce. On allègue, d’autre part, que Lysandre était irrité contre les Thébains de ce que seuls entre les alliés ils avaient réclamé la dîme du butin fait sur les Athéniens, et avaient trouvé mauvais que Lysandre eût envoyé de l’argent à Sparte. Son principal grief contre eux, c’est qu’ils