Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/498

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du Péloponnèse, avaient reçu, dans le temple d’Apollon Isménien, une réponse de l’oracle qui leur prédisait à la fois et la bataille de Délium et le combat d’Haliarte, lequel fut donné trente ans après. Elle était ainsi conçue :

Garde-toi des confine où tu t’arrêtes quand tu poursuis les loups la lance à la main ;
Garde-toi de la colline Orchalide, que jamais ne quitte le renard.


Par confins, l’oracle entend le territoire de Délium, où la Béotie touche aux frontières de l’Attique ; et la colline Orchalide est celle qu’on nomme aujourd’hui Alopèce, située dans la partie du territoire d’Haliarte qui regarde vers l’Hélicon. La fin malheureuse de Lysandre affligea si vivement les Spartiates dans le premier moment, qu’ils intentèrent au roi une accusation capitale ; mais Pausanias n’attendit pas le jugement et s’enfuit à Tégée[1], où il passa le reste de ses jours dans l’asile ouvert aux suppliants autour du temple de Minerve.

La pauvreté de Lysandre se révéla au grand jour après sa mort, et donna un nouveau lustre à sa vertu. Après avoir eu en main des sommes si considérables, et avoir joui d’une si grande puissance ; après avoir vu tant de villes lui faire assidûment leur cour ; après avoir enfin exercé une telle souveraineté dans la Grèce, il n’avait pas accru de la valeur d’une obole la fortune de sa maison : c’est le témoignage que lui rend Théopompe, qu’il faut plus en croire quand il loue que lorsqu’il blâme ; car il blâme plus volontiers qu’il ne loue.

Éphore rapporte que, peu de temps après, une contestation s’éleva entre Sparte et les alliés, qui donna lieu de consulter les écrits qui se trouvaient chez Lysandre, et qu’Agésilas se transporta à cet effet dans la maison. Il

  1. Ville de l’Arcadie orientale, près de l’Argolide.