Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/66

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s’il se fût agi de s’embarquer et de tourner par eau le camp des ennemis. Mais après le souper de ses soldats, et la nuit venue, Nasica découvrit aux officiers sa véritable intention, puis il conduisit l’armée, à la faveur de l’obscurité, par le chemin opposé à la mer, jusque sous les murs de Pythium, où il suspendit la marche. Le mont Olympe a, dans cet endroit, plus de dix stades[1] de hauteur, comme le marque cette inscription gravée par celui qui l’a mesuré :

Sur le sommet de l’Olympe, Pythium où Apollon
Est adoré, a d’élévation (mesure prise perpendiculairement)
Dix stades entiers, et en sus
Un plèthre, moins quatre pieds de long.
Celui qui a déterminé sa hauteur, c’est le fils d’Eumélus,
Xénagoras. Salut, grand Dieu ; que tes faveurs m’accompagnent.


Cependant les géomètres disent qu’il n’y a point de montagne plus haute, ni de mer plus profonde que dix stades[2]. Mais il paraît que Xénagoras n’a pas pris seulement cette mesure à vue d’œil, mais par un procédé scientifique, et à l’aide des instruments nécessaires. Nasica passa le reste de la nuit dans ce lieu.

Persée, qui voyait Paul Émile immobile à la même place, ne se doutait guère de ce qui le menaçait, lorsqu’un transfuge crétois, quittant la route, vint lui apprendre le circuit que faisaient les Romains. Bien que bouleversé par cette nouvelle, il ne leva point le camp : seulement il envoya, sous la conduite de Milon, dix mille étrangers

  1. Environ une demi-lieue.
  2. Je n’ai pas besoin de remarquer que ce principe est faux, même pour l’ancien continent, et qu’il y a dans le nouveau des montagnes bien autrement hautes que dix stades.