Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/96

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ornements les plus riches et les plus glorieux qui puissent embellir un convoi. Ce n’était ni de l’or, ni de l’ivoire, ni tout l’appareil d’une vaine et ambitieuse somptuosité, mais l’affection, le respect et la reconnaissance non-seulement des citoyens, mais des ennemis eux-mêmes. Tout ce qui se trouvait à Rome d’Ibériens, de Liguriens et de Macédoniens, assista à ses obsèques ; les jeunes et les forts d’entre eux portaient le lit funèbre, les plus âgés suivaient, en appelant Paul Émile le bienfaiteur et le sauveur de leur patrie. Et en effet, non content de les avoir tous traités, au temps de ses conquêtes, avec douceur et humanité, il n’avait cessé, tout le reste de sa vie, de leur rendre service, et leur montrer autant d’intérêt qu’à des amis et à des parents. On dit que tout le bien qu’il laissa montait à peine à trois cent soixante-dix mille drachmes[1] dont il fit héritiers ses deux fils. Mais Scipion, le plus jeune des deux, qui était passé par adoption dans une maison plus riche, celle de Scipion l’Africain, abandonna toute la succession à son frère. Telles furent, d’après l’histoire, les mœurs et la vie de Paul Émile.


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  1. Environ trois cent cinquante mille francs de notre monnaie.