Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/204

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plus le suivre. Cassius retourna vers la ville de Carrhes ; et ses guides, qui étaient des Arabes, lui conseillant d’attendre que la lune eût dépassé le Scorpion : « Pour moi, répondit-il, je crains encore plus le Sagittaire[1]. » Et il se mit à chevaucher vers l’Assyrie, avec cinq cents cavaliers. D’autres, conduits par des guides fidèles ; occupèrent un terrain montagneux qu’on appelle les Sinnaques[2], et ils s’y établirent en sûreté avant le jour. Ils étaient environ cinq mille, sous le commandement d’un brave officier, nommé Octavius.

Pour Crassus, le jour le surprit engagé par l’artifice d’Andromachus dans ces terrains difficiles et dans ces marais. Il avait avec lui quatre cohortes armées de boucliers, fort peu de cavaliers, et cinq licteurs. Après bien des fatigues, il rentrait à peine dans le grand chemin avec ses gens, que déjà les ennemis étaient sur lui. Il était encore à douze stades[3] d’Octavius. Il se retira sur une autre crête de montagne, d’un accès moins difficile, mais aussi moins sûre : elle était dominée par les Sinnaques, et s’y rattachait par une longue chaîne qui s’étend dans cette direction à travers la plaine. C’est donc en vue de la troupe d’Octavius qu’il se trouvait dans cette position critique. Octavius accourut le premier des hauteurs à son secours, avec un petit nombre de ses gens ; il fut bientôt suivi de tous les autres, qui se reprochèrent leur lâcheté. Et tous ensemble fondirent sur les ennemis, les repoussèrent de la crête, et, plaçant Crassus au milieu d’eux et le couvrant de leurs boucliers, ils s’écrièrent fièrement que les Parthes n’avaient pas un trait qui pût atteindre le corps de leur général en chef, tant qu’ils

  1. Allusion à la force principale de l’armée des Parthes, qui étaient les archers.
  2. Près du Tigre.
  3. Un peu plus d’une demi-lieue.