Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/217

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ladie, et à la jalousie des citoyens restés à Athènes. Crassus, par la multitude de ses fautes, ne permit pas à la Fortune de faire rien pour lui ; tellement que l’on s’étonne, non pas que son incapacité ait été vaincue par la puissance des Parthes, mais qu’elle ait pu vaincre le bonheur des Romains.

L’un n’a jamais rien méprisé de ce qui tient à la divination ; l’autre l’a dédaignée entièrement ; et tous deux sont morts de la même manière. Il y a donc là une question fort obscure, et fort difficile à juger. Cependant plus pardonnables que les fautes commises par une présomption qui ne respecte aucune loi, sont les fautes que fait commettre un scrupule religieux conforme aux croyances anciennes et généralement reçues.

Quant à la mort de l’un et de l’autre, celle de Crassus n’a rien de blâmable. Il ne s’est pas rendu ; il n’a pas été enchaîné, objet des sarcasmes des vainqueurs : il ne fit que céder aux exigences de ses amis, et il périt victime d’ennemis sans foi. Nicias, au contraire, dans l’espoir de conserver une vie honteuse et déshonorée, se rendit aux ennemis, et ajouta ainsi à l’ignominie de sa mort.