Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/218

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EUMÈNE[1].


(De l’an 359 à l’an 315 avant J.-C.)

Duris conte qu’Eumène de Cardie[2] était fils d’un homme que sa pauvreté réduisait à faire le métier de roulier dans la Chersonèse, mais qu’il reçut une éducation libérale, et qu’il fut instruit dans les lettres, et dressé aux exercices du gymnase. Il n’était encore qu’un enfant, lorsque Philippe, passant par la ville de Cardie, et étant de loisir, s’arrêta à voir les jeux d’escrime des jeunes garçons et la lutte des enfants. Eumène y eut tant de succès, et il montra tant d’adresse et de courage, qu’il plut à Philippe, qui l’emmena avec lui. Toutefois, je trouve plus vraisemblable le récit de ceux qui assurent que Philippe prit Eumène auprès de sa personne et l’avança, à cause des liens d’hospitalité et d’amitié qu’il avait avec le père du jeune homme.

Après la mort de Philippe, Eumène, qui ne le cédait, aux yeux d’Alexandre, ni en prudence ni en fidélité, à

  1. J’ai placé la Vie d’Eumène avant celle de Sertorius, malgré l’espèce de préface qui est en tête de cette dernière, d’après laquelle il semblerait que la Vie d’Eumène n’a été écrite qu’après la Vie de Sertorius, Dans la Comparaison, Eumène est nommé le premier : j’ai donc été fondé à conclure que, dans le dessein de Plutarque, sa Vie devait précéder l’autre, qu’elle ait ou non été écrite la première. La logique, la chronologie, et l’usage habituel de Plutarque, justifient donc ce petit changement, assez insignifiant d’ailleurs.
  2. Dans la Chersonèse de Thrace, sur le bord de la Propontide.