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CIMON.

voulait prévenir l’arrivée de ces renforts : il s’avance contre les Barbares, déterminé, s’ils ne voulaient pas combattre de leur plein gré, à les y contraindre par la force. Les Perses, pour se soustraire à cette nécessité, entrèrent d’abord en rivière ; puis, poursuivis par les Athéniens, ils virèrent à leur rencontre avec six cents voiles, selon Phanodème, et seulement avec trois cent cinquante, suivant Éphore ; mais ils ne firent rien dans le combat qui répondît à des forces si considérables : ils tournèrent bien vite leurs proues vers le rivage ; et les premiers qui purent y aborder s’enfuirent vers l’armée de terre, qui était rangée en bataille non loin de là. Les Grecs passèrent au fil de l’épée tous ceux qui tombèrent entre leurs mains, et s’emparèrent de leurs vaisseaux. On ne peut douter que la flotte des Barbares ne fût très-nombreuse ; car, outre qu’il se sauva, comme on pense bien, une foule de navires, et qu’il y en eut beaucoup de brisés, les Athéniens ne laissèrent pas d’en prendre deux cents. Mais leur armée de terre descendit vers le rivage, et Cimon trouva trop hasardeux de tenter une descente si près de l’ennemi, et de mener ses Grecs, fatigués du premier combat, contre des troupes fraîches et supérieures en nombre. Toutefois, comme il voyait que la victoire avait relevé le courage et la confiance de ses soldats, et qu’ils brûlaient de marcher contre les Barbares, il débarqua son infanterie, encore échauffée du combat qu’elle venait de livrer sur mer. Les Grecs s’élancent en jetant de grands cris et au pas de course. Les Perses les attendirent de pied ferme, et soutinrent ce premier choc avec valeur : le combat fut très-rude ; les plus braves et les plus considérables d’entre les Athéniens y périrent ; mais enfin les Grecs, redoublant d’efforts, mirent en fuite les Barbares, les taillèrent en pièces, firent un grand nombre de prisonniers, et s’emparèrent des tentes de l’ennemi, qui regorgeaient de trésors de toute espèce.