Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/331

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l’éloge de Nectanébis. Les deux rois envoyèrent aussi solliciter les Lacédémoniens, l’un comme un allié et un ami déjà ancien, l’autre comme un homme plein d’affection pour leur ville, et qui lui montrerait encore un plus vif attachement. Les Lacédémoniens les écoutèrent, et répondirent publiquement aux Égyptiens qu’ils s’en reposaient sur Agésilas du soin de cette affaire ; et ils lui envoyèrent, à lui, la recommandation de faire ce qui serait utile à Sparte.

Ainsi Agésilas prit ses mercenaires, et passa du camp de Tachos dans celui de Nectanébis, couvrant du voile de l’intérêt public une démarche aussi injuste qu’étrange. En effet, qu’on ôte à son action ce prétexte, on ne trouvera pas de nom qui s’y applique mieux que celui de trahison. Mais ce qu’il y a de plus beau, aux yeux des Lacédémoniens, c’est l’intérêt de la patrie ; c’est pourquoi ils n’apprennent et ne connaissent rien de juste que ce qu’ils pensent devoir servir à l’accroissement de Sparte.

Donc Tachos, abandonné de ses troupes mercenaires, prit la fuite. Mais dans Mendès s’éleva contre Nectanébis un autre rival qui fut aussi proclamé roi, et qui s’avança pour le combattre, à la tête de cent mille hommes. Nectanébis, pour rassurer Agésilas, lui disait que les ennemis étaient nombreux à la vérité, mais que ce n’était qu’un ramas d’artisans, gens sans expérience de la guerre, et, partant, méprisables. « Et certes, répondit Agésilas, ce n’est pas leur nombre, mais leur inexpérience et leur ignorance que je crains ; car il n’y a rien de plus difficile à tromper. Les ruses de guerre ne produisent un événement inattendu que pour un adversaire qui soupçonne quelque ruse, qui s’y attend, et qui cherche à s’en défendre. Celui qui ne sait s’attendre à rien, qui ne soupçonne rien, celui-là ne donne aucune prise à qui cherche à le surprendre, comme celui qui ne fait