Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/334

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outre les honneurs et les présents dont il le combla, il lui donna deux cent trente talents[1] pour aider Sparte dans la guerre. Mais déjà l’hiver était venu ; Agésilas gagna la terre avec ses vaisseaux, et relâcha dans un lieu désert, sur la côte de Libye, appelé le port de Ménélas[2]. Il y mourut, âgé de quatre-vingt-quatre ans, après avoir été roi de Sparte pendant quarante et un ans, dont il avait passé trente et plus avec la réputation du plus grand et du plus puissant des Grecs, et considéré, jusqu’à la bataille de Leuctres, comme le chef, pour ainsi dire, et le roi de la Grèce entière. C’est une coutume laconienne que les citoyens de Sparte qui meurent en pays étranger, on les enterre et on les laisse dans l’endroit même où ils sont morts ; mais ils rapportent dans leur pays les corps de leurs rois. Les Spartiates qui accompagnaient Agésilas couvrirent son corps de cire fondue, à défaut de miel, et le transportèrent à Lacédémone.

La royauté passa par succession à Archidamus, son fils ; et elle resta dans cette famille jusqu’à Agis, le cinquième descendant d’Agésilas, lequel tenta de rétablir les anciennes institutions de sa patrie, et fut mis à mort par Léonidas[3].


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  1. Environ quatorze cent mille francs de notre monnaie
  2. itué dans la partie de l’Afrique appelée Marmarique, entre l’Égypte, à l’orient, et la Cyrénaïque, à l’occident.
  3. Voyez la Vie d’Agis dans le quatrième volume.