Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/440

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suivant quelques-uns, trompé par Scipion, son beau-père, lequel, pour s’approprier les sommes immenses qu’il avait apportées d’Asie, les cacha, et pressa Pompée de donner la bataille, en lui faisant accroire qu’il n’y avait plus d’argent. Mais, quand cela serait vrai, un général devait-il tomber dans un tel inconvénient, ou, après s’être laissé si facilement surprendre, exposer au plus grand danger la fortune publique ?

Ces divers traits font assez connaître le caractère de l’un et de l’autre.

C’est par nécessité que Pompée chercha un refuge en Égypte ; mais Agésilas y passa par un motif peu honnête, et sans que rien l’y forçat : il ne voulait qu’amasser de l’argent, et avoir de quoi faire la guerre aux Grecs avec ce qu’il gagnerait en servant les Barbares. D’ailleurs, le reproche que nous faisons aux Égyptiens par rapport à Pompée, les Égyptiens le font de leur côté à Agésilas ; car Pompée eut à souffrir pour s’être fié aux Égyptiens, et Agésilas, en qui les Égyptiens avaient mis leur confiance, les abandonna et passa dans les rangs des ennemis de ceux qu’il était venu secourir.


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