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CAÏUS JULIUS CÉSAR.


(De l’an 100 à l’an 44 avant J.-C.)

Sylla, devenu le maître dans Rome, ne put venir à bout, ni par les promesses, ni par les menaces, de déterminer Cornélie, fille de Cinna, celui qui avait exercé la souveraine puissance, à se séparer de César ; et il confisqua sa dot. La parenté de César avec Marius fut la cause de son inimitié pour Sylla. En effet, Marius l’ancien avait épousé Julie, sœur du père de César, et c’est de Julie qu’était né Marius le jeune, cousin germain, par conséquent, de César. Dans les premiers temps des proscriptions, Sylla, distrait par d’autres soins, et par le grand nombre des victimes qu’il immolait chaque jour, ne songea pas à César ; mais César, au lieu de se laisser oublier, se mit sur les rangs pour le sacerdoce, et se présenta aux suffrages du peuple, quoiqu’il fût à peine entré dans l’âge de l’adolescence. Sylla, par son opposition, fit échouer sa demande : il voulut même le faire mourir. Et, comme ses amis lui représentaient qu’il n’y aurait pas de raison à tuer un si jeune enfant : « Vous êtes, dit-il, bien peu avisés, de ne pas voir dans cet enfant plusieurs Marius. » Cette parole, rapportée à César, le décida à se cacher ; et il erra longtemps dans le pays des Sabins. Puis, comme il se faisait porter pour changer de maison, parce qu’il était malade, il tomba la nuit entre les mains de soldats de Sylla, qui faisaient des recherches dans ce canton, et ramassaient ceux qu’ils y trouvaient cachés.