Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/564

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le moment qui leur serait favorable. Il va escarmoucher contre eux jusque dans leurs retranchements, et sur les collines où ils étaient campés. Irrités de cette provocation, les Barbares n’écoutent plus que leur colère, et descendent dans la plaine pour combattre. Leur déroute fut complète ; et César, les ayant poursuivis jusqu’aux bords du Rhin, l’espace de trois cents stades[1], couvrit toute la plaine de morts et de dépouilles. Ariovistus, qui avait fui des premiers, passa le Rhin avec un petit nombre des siens. Il resta, dit-on, quatre-vingt mille morts sur la place.

Ces deux guerres terminées, César mit ses troupes en quartier d’hiver dans le pays des Séquanais[2] ; et lui-même, pour veiller de près sur ce qui se passait à Rome, il descendit dans la Gaule circumpadane, qui faisait partie de son gouvernement ; car c’est le Rubicon qui est la limite entre la Gaule cisalpine et le reste de l’Italie. Pendant le séjour qu’il y fit, il grossit beaucoup le nombre de ses partisans : on venait à lui en foule, et il donnait libéralement ce que chacun lui demandait : il les renvoya tous ou comblés de présents ou pleins d’espérances[3]. Dans le cours de cette guerre, Pompée ne se douta même pas que tour à tour César domptait les ennemis avec les armes des Romains, et gagnait les Romains avec l’argent des ennemis.

Cependant César apprit que les Belges, les plus puissants des Celtes, et qui occupent la troisième partie de la Celtique, s’étaient soulevés, et avaient mis sur pied une armée nombreuse. Il revint aussitôt sur ses pas, et fit la plus grande diligence : il tombe sur les ennemis

  1. Environ quinze lieues.
  2. Habitants du pays situé entre la Saône, le Rhône et les montagnes du Jura : Franche-Comté et Bresse.
  3. Voyez la Vie de Pompée dans ce volume, où Plutarque donne plus de détails.