Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/569

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eût désiré ; seulement il reçut des otages du roi, lui imposa un tribut, et repassa en Gaule. Il y trouva des lettres qu’on allait lui porter dans l’ile, par lesquelles ses amis de Rome lui apprenaient la mort de sa fille, qui était morte en couches chez son mari Pompée. Cet événement causa une vive douleur et à Pompée et à César ; leurs amis en furent troublés, prévoyant que cette mort allait rompre une alliance qui entretenait la paix et la concorde dans la république, travaillée d’ailleurs de maux dangereux, car l’enfant dont elle était accouchée mourut peu de jours après sa mère. Le peuple, malgré les tribuns, enleva le corps de Julie, et le porta dans le Champ de Mars, où elle fut enterrée.

César avait été obligé de partager en plusieurs corps l’armée nombreuse qu’il commandait, et de la distribuer en divers quartiers pour y passer l’hiver ; après quoi, suivant sa coutume, il avait repris le chemin de l’Italie. Toute la Gaule se souleva de nouveau ; des armées considérables se mirent en campagne, forcèrent les quartiers des Romains, et entreprirent d’enlever leur camp. Les plus nombreux et les plus puissants des rebelles, commandés par Ambiorix, tombèrent sur les légions de Cotta et de Titurius, et les taillèrent en pièces ; de là ils allèrent, avec soixante mille hommes, assiéger la légion qui était sous les ordres de Cicéron[1] ; et peu s’en fallut que ses retranchements ne fussent emportés d’assaut : tous ses soldats avaient été blessés, et se défendaient avec un courage au-dessus de leurs forces. César, qui était fort loin, ayant appris ces nouvelles, revint précipitamment sur ses pas ; et, n’ayant pu rassembler en tout que sept mille hommes, il marcha à grandes journées, pour dégager Cicéron. Les assiégeants, à qui il ne put dérober sa

  1. Quintus Cicéron, frère de l’orateur.