Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/583

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louaient de sa fermeté. César alors prit un ton plus haut, et menaça de le tuer s’il ne cessait ses importunités : « Et tu n’ignores pas, jeune homme, ajouta-t-il, qu’il m’était plus difficile de le dire que de le faire. » Métellus se retira, effrayé de ces dernières paroles ; et l’on s’empressa de fournir à César, sans plus de difficulté, tout l’argent dont il avait besoin pour la guerre.

Il se rendit aussitôt en Espagne avec une année, résolu de chasser Afranius et Varron, lieutenants de Pompée, et de commencer par se rendre maître de leurs troupes et de leurs gouvernements avant de marcher contre Pompée : il ne voulait laisser derrière aucun ennemi. Dans cette guerre, sa vie fut souvent en danger, par les embûches qu’on lui dressa, et son année manqua de périr par la disette ; mais il n’en mit pas moins d’ardeur à poursuivre les ennemis, à les provoquer au com-bat, à les environner de tranchées : il ne s’arrêta point qu’il n’eût en sa puissance leurs camps et leurs troupes. Les chefs prirent la fuite, et se retirèrent vers Pompée. Quand César fut de retour à Rome, Pison, son beau-père, lui conseilla de députer à Pompée afin de traiter d’un accommodement ; mais Isauricus, pour faire sa cour à César, combattit cette proposition. Élu dictateur par le Sénat, César rappela les bannis, rétablit dans leurs honneurs les enfants de ceux qui avaient été proscrits par Sylla, et déchargea les débiteurs d’une partie des intérêts de leurs dettes. Il fit d’autres ordonnances semblables, mais en petit nombre ; car il ne garda que onze jours l’autorité suprême : il se nomma lui-même consul avec Servilius Isauricus, et ne s’occupa plus que de la guerre.

Il laissa derrière lui une grande partie de son armée, et, avec six cents chevaux d’élite et cinq légions, en plein solstice d’hiver, au commencement de janvier, qui répond à peu près au mois Posidéon des Athéniens, il s’embarqua, traversa la mer Ionienne, et s’empara d’Oricum