Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/101

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ne fait absolument aucune mention de la trahison de Philologus[1].

J’ai entendu dire que César, de longues années après, étant un jour entré chez un de ses petits-fils, celui-ci, qui tenait dans ses mains un ouvrage de Cicéron, surpris à l’improviste, cacha le livre sous sa robe. César, qui s’en aperçut, prit le livre, en lut debout une grande partie, et, le rendant au jeune homme : « C’était un savant homme, mon enfant, dit-il ; oui, un savant homme, et qui aimait bien sa patrie. » Du reste, peu de temps après la mort de Cicéron, César défit entièrement Antoine, et prit pour collègue au consulat le fils de Cicéron. Le Sénat, sous leur magistrature, fit abattre les statues d’Antoine, révoqua les honneurs dont il avait joui, et défendit, par un décret public, que personne de la famille des Antonius portât le prénom de Marcus[2]. C’est ainsi que la vengeance divine réserva à la famille de Cicéron le dernier châtiment d’Antoine.


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  1. Suivant Appien, Cicéron avait été trahi par un cordonnier, ancien client du tribun Clodius ; et c’est cet homme qui avait appris aux meurtriers la route que venait de prendre Cicéron.
  2. Le nom même d’Antoine fut effacé sur les monuments publics et sur les fastes triomphaux, espèce de vengeance dont on n’avait guère eu d’exemple encore, et qui se renouvela plusieurs fois dans la suite, à la mort des empereurs qui avaient abusé de la toute-puissance.