Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/112

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de Lacédémone à Tégée[1], laissa la royauté à son fils aîné, Agésipolis. Celui-ci mourut sans enfants, et Cléombrotus, son frère puîné, lui succéda. Cléombrotus eut deux fils, Agésipolis, deuxième du nom, et Cléomène. Le premier régna fort peu de temps, et mourut sans enfants. Son frère Cléomène, qui lui succéda, perdit, de son vivant, Acrotatus, l’aîné de ses fils, et laissa le second, nommé Cléonyme, qui ne régna point : le trône passa à son neveu Aréus, fils d’Acrotatus. Aréus fut tué devant Corinthe ; et son fils Acrotatus, qui lui succéda, périt dans une bataille qu’il livra, près de Mégalopolis, au tyran Aristodème. Sa femme, qui se trouvait alors enceinte, accoucha d’un fils, dont Léonidas, fils de Cléonyme, eut la tutelle. Mais, cet enfant étant mort en bas âge, la royauté passa à Léonidas, dont le caractère et les mœurs n’étaient guère en harmonie avec ceux de ses concitoyens. Car, quoique tous les Spartiates se fussent laissé entraîner à la corruption qui avait atteint le gouvernement, Léonidas, plus que nul autre, affectait un grand éloignement pour les institutions de ses ancêtres. Un long séjour dans les palais des satrapes et à la cour de Séleucus lui avait fait contracter l’habitude du faste et de l’orgueil, vices qu’il transporta, sans nulle précaution, au milieu des affaires de la Grèce et dans un gouvernement fondé sur des lois.

Agis, par la bonté et l’élévation de son caractère, se montra de beaucoup supérieur, non-seulement à Léonidas, mais même à la plupart des rois qui avaient régné à Sparte depuis Agésilas le Grand. Il n’avait pas encore atteint l’âge de vingt ans, que, quoique élevé dans le luxe et les délices par deux femmes, Agésistrata sa mère, et Archidamie son aïeule, qui possédaient à elles seules

  1. Sur la fuite de Pausanias, voyez la Vie de Lysandre dans le deuxième volume.