Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/127

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de ses enfants, prit l’autre dans ses bras, et, après avoir fait sa prière devant l’autel du dieu, elle le suivit en exil. Et certes, si Cléombrotus n’eût été complètement corrompu par une passion de vaine gloire, cet exil, que partageait une femme si vertueuse, eût été à ses yeux un bonheur plus grand que la royauté.

Léonidas n’eut pas plutôt chassé Cléombrotus, et déposé les premiers éphores, pour leur en substituer de nouveaux, qu’il tendit des embûches à Agis. Il chercha d’abord à lui persuader de quitter le temple où il s’était réfugié, et de venir régner avec lui : il lui promettait le pardon de ses concitoyens, qui n’ignoraient pas, disait-il, qu’Agésilas avait abusé de sa jeunesse et de son amour pour la gloire. Mais comme Agis, à qui ses intentions étaient suspectes, continuait à demeurer dans son asile, Léonidas renonça à l’espoir de l’attirer dans le piège par de belles promesses. Ampharès, Démocharès et Arcésilas allaient souvent visiter le jeune roi, et s’entretenir avec lui ; quelquefois même ils le menaient du temple aux étuves, et, après qu’il s’était baigné, ils le ramenaient dans le temple : ils étaient tous trois ses amis particuliers. Ampharès avait depuis peu emprunté d’Agésistrata, mère d’Agis, des meubles et des vases précieux : voulant s’approprier ces richesses, il conçut le dessein de trahir à la fois le roi, sa mère et son aïeule. On assure que ce fut lui qui se prêta le plus aux intrigues de Léonidas, et qui irrita contre Agis les éphores, du nombre desquels il était. Agis donc, ainsi que nous venons de le dire, se tenait toujours dans le temple ; mais, comme il en sortait quelquefois pour aller aux étuves, ils résolurent de profiter d’un de ces moments pour le surprendre. Un jour, qu’il revenait du bain, ils vont au-devant de lui, le saluent, et marchent à ses côtés, s’entretenant et badinant avec lui, comme ils avaient coutume de faire avec un jeune homme qui était leur familier. Le chemin qu’ils