Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/244

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Ce Philippide était l’ami particulier de Lysimachus, lequel, à sa considération, avait accordé beaucoup de grâces aux Athéniens. Lorsque Lysimachus était sur le point d’entreprendre quelque affaire ou quelque expédition importante, il regardait comme un heureux présage la rencontre de Philippide. Du reste, Philippide était en réputation auprès de lui pour ses qualités, n’étant ni importun ni empressé comme la plupart des courtisans. Un jour, Lysimachus, le comblant de caresses : « Mon cher Philippide, lui dit-il, que partagerai-je avec toi de ce qui m’appartient ? — Roi, répondit Philippide, tout ce qu’il te plaira, hormis tes secrets. » Nous avons opposé à dessein Philippide à Stratoclès, afin de montrer la différence qu’il y avait entre le démagogue et le poëte dramatique.

Mais, de tous les honneurs rendus à Antigonus et à Démétrius, le plus étrange et le plus outré fut le décret de Dromoclidès du dème de Sphette, qui portait que, pour la consécration des boucliers dans le temple d’Apollon à Delphes, on irait recevoir l’oracle de la bouche de Démétrius. Au reste, je crois devoir rapporter ce décret dans ses propres termes. « Pour le bien public, le peuple ordonnera qu’il soit élu un citoyen d’Athènes lequel se transportera auprès de Démétrius, notre dieu sauveur, et, après avoir fait des sacrifices, lui demandera quel moyen on doit employer pour faire le plus religieusement, le plus magnifiquement et le plus promptement possible la consécration des offrandes : que le peuple se conforme à la réponse de l’oracle. » En se moquant ainsi de Démétrius, dont l’esprit n’était déjà pas trop sain, ils achevèrent de le corrompre.

Pendant qu’il était de loisir à Athènes, il épousa Eurydice, qui descendait de l’ancien Miltiade, et qui, après la mort de son mari Opheltas, roi de Cyrène, était revenue vivre à Athènes. Les Athéniens regardèrent ce mariage comme un honneur et une grâce que Démétrius