Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/284

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les Athéniens l’abandonnèrent de nouveau : ils rayèrent du registre des archontes éponymes Diphilus, prêtre des dieux sauveurs[1] et ils ordonnèrent que l’élection des archontes se ferait selon l’ancien usage ; puis, voyant que Démétrius devenait plus puissant qu’ils ne s’y étaient attendus, ils appelèrent Pyrrhus de la Macédoine. Démétrius, irrité de cette défection, alla mettre le siège devant leur ville. Il la pressait avec beaucoup de vigueur ; mais, les Athéniens lui ayant envoyé le philosophe Cratès, personnage fort renommé et qui jouissait d’un grand crédit, Démétrius, touché par ses prières et plus encore par la considération de ses propres intérêts, leva le siège ; et, rassemblant tout ce qui lui restait de vaisseaux, il y fit embarquer ses troupes, qui consistaient en douze mille hommes de pied et quelque cavalerie, et fit voile pour l’Asie, dans le dessein d’enlever à Lysimachus la Carie et la Lydie. Il fut reçu à Milet par Eurydice, sœur de Phila, qui menait avec elle Ptolémaïs, sa fille et celle de Ptolémée, laquelle lui avait déjà été promise en mariage par l’entremise de Séleucus. Eurydice la lui fit épouser : et, aussitôt après les noces, il alla solliciter les villes à la défection. La plupart se rendirent volontairement ; il en prit quelques-unes de force, entre autres la ville de Sardes. Plusieurs des officiers de Lysimachus passèrent dans son camp avec leurs soldats et de l’argent. Mais Agathoclès, fils de Lysimachus, arriva avec une puissante armée, et Démétrius passa en Phrygie, dans l’espérance que, s’il parvenait à s’emparer de l’Arménie, il pourrait aisément faire révolter la Médie, et se rendre maître des provinces de la haute Asie, où, en cas de revers, il aurait plusieurs retraites sûres.

Cependant Agathoclès le suivait de près ; mais comme,

  1. Voyez plus haut quelles prérogatives on avait accordées au prêtre des dieux sauveurs, c’est-à-dire d’Antigonus et de Démétrius.