Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/318

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où ils tenaient le conseil, le prièrent de venir dans leur ville. Il se rendit donc à Mégare ; et, comme les Mégariens lui demandaient comment il trouvait le palais : « Petit, répondit-il, et menaçant ruine. » Il fit prendre la mesure du temple d’Apollon Pythien, et laissa voir l’intention de l’achever ; il en fit même la promesse au Sénat. Mais, après qu’il fut passé en Asie, laissant à Lucius Censorinus le gouvernement de la Grèce, et qu’il eut commencé à goûter des richesses de cette province ; après qu’il eut vu les rois venir à sa porte pour lui faire la cour, et les reines s’empressant à l’envi de lui envoyer des présents, et étalant devant lui les charmes de leurs personnes afin de gagner ses bonnes grâces ; alors, et pendant que César était travaillé à Rome de séditions et de guerres, au sein du loisir et de la paix il s’abandonna à ses passions, et mena une vie de plaisirs et de délices.

Il avait appelé auprès de lui un certain Anaxénor, joueur de cithare, un certain Xuthus, joueur de lyre, et un baladin, nomme Métrodore, puis toute une troupe de farceurs asiatiques, qui surpassaient en bouffonnerie, en plaisanteries grossières, les gens de même espèce qu’il avait amenés d’Italie ; et, dès que sa cour fut infectée de ces pestes publiques, il n’y eut plus ni borne, ni mesure, tout le monde voulant suivre son exemple. En sorte que l’Asie entière, semblable à la ville dont parle Sophocle, était tout à la fois pleine de fumée d’encens, et retentissait

Tout à la fois de péans et de sanglots[1].


Il entra dans Éphèse, précédé par des femmes déguisées en bacchantes et des jeunes gens en Pans et en satyres :

  1. C’est un des premiers vers de l’Œdipe roi, quand Œdipe décrit l’aspect de la ville de Thèbes, ravagée par la peste.